Les classes laborieuses

Publié le par Muriel Bayet

Les classes laborieuses…

 

Quelle impudence ! Quelle condescendance dédaigneuse ! Quel terme péjoratif !...

Si j’accorde au « Seigneur des Francs » la volonté de chercher d’autres chemins pour redresser un pays qui part en quenouille, en revanche, lorsque j’entends ces propos dignes d’un roman de Zola, je ne trouve pas d’autre terme que celui de « Bobo morveux », qui n’a apparemment pas pris conscience qu’il n’est sur son trône que par défaut et non pour ses supposées qualités, et qu’il ne suffit pas de vaguement se pencher par-dessus son piédestal pour observer « le bas peuple » afin d’en comprendre les humeurs…

Monsieur qui jouez au Roi Soleil, venez donc passer une pleine année, dans une campagne bretonne, par exemple, ou cantaloue, au choix, pour aller bosser, comme tout le monde, à une 3Otaine de kilomètres de chez vous, dans une entreprise lambda, avec votre petite voiture (eh oui, les métros et autres RER n’ont pas encore débarqué chez nous, quant au co-voiturage…. encore faut-il que les trajets et horaires concordent, ne serait-ce « qu’à peu près »). Venez vous fondre parmi les laborieux, les besogneux, consultez votre montre (il faut récupérer les enfants à la garderie) et zut, vous avez pris 5 minutes de retard, un client au téléphone, et les enfants risquent d’attendre dehors… alors, vous appuyez un peu plus sur l’accélérateur, rattraper le retard, 5 minutes, ce n’est pas beaucoup, mais pour des enfants qui attendent dehors, c’est déjà trop… Ah, zut et re-zut, c’est vrai qu’on est passé au 80 km/h ; ce n’est rien ; que quelques minutes de différence… Mais encore, pour des enfants qui attendent dehors, c’est toujours trop… Et voilà que le radar vous flashe ; 88 km/h. Ce n’est rien, que 90 € et 1 point… Enfin, rien…. Quand on a un salaire de 2000 €/mois, un loyer de 800 €, les charges, eau, électricité, chauffage, le carburant pour la voiture, les courses (eh oui, même dans les campagnes, on se nourrit), gratter les fonds de tiroir pour racheter un blouson au gamin qui a eu la mauvaise idée de grandir, … et bien, les 90 € de « prune » (qui ne sont pas vraiment mérités, convenez-en), c’est déjà trop…

Pour que vous compreniez cela, Monsieur l’élyséen, il faut que vous laissiez vos réserves bancaires de côté, que vous ne touchiez à rien d’autre que ce qu’un employeur peut vous offrir et que vous payiez toutes vos charges, comme tout le monde, et puisque vous n’avez pas d’enfant, faites un don, tous les mois, à un orphelinat choisi par vous, mais d’un montant équivalent à ce que vous coûterait un enfant à la maison….

 

Penmarc’h, 26 novembre 2018

Publié dans Chroniques

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article