Une drôle de guerre

Publié le par Muriel Bayet

Une « drôle de guerre »…

Et qui n’a rien de « funny », celle-là…

Pas de charpie, pas d’invasion de chars, pas de bombardements intensifs, pas de troupes massées aux frontières…

Une guerre contre l’invisible, alors que le soleil, absent depuis de longs mois, s’invite enfin dans notre ciel d’un bleu insolent…

Un éclat printanier incongru, une fourbe invitation aux balades…

C’est peut-être ça, le côté obscur de cette drôle de guerre ; dans les guerres d’autrefois, les journaux et les affiches placardées sur les murs des villes, invitaient la population, par de fallacieuses informations, à collaborer avec l’ennemi. Aujourd’hui, c’est cette météo riante qui nous envoie de faux signaux de relâchement, de décontraction, un air de « rien de grave », un air de vacances farniente…

Un soleil à ne pas écouter les consignes « de guerre », à s’aventurer au-dehors, à penser pique-nique…

Consignes de confinement qui ne pèsent guère sur les retraités vivant dans une maison avec jardin, mais qui pèsent sur les familles avec enfants, et particulièrement sur celles qui vivent en appartement ; j’entends les conseils éclairés des psy, expliquant à qui veut bien entendre qu’il faut « aménager son temps », « partager son espace »… J’aimerais que ces donneurs de leçons passent une petite semaine au 27ème étage d’une barre de banlieue, dans un « superbe » appartement de 70 m², dont les murs de papier laissent -oh bonheur ! – la possibilité de converser, sans forcer la voix, avec les voisins d’à côté, du dessus, du dessous…

Et je comprends que pour eux, le besoin de sortir soit le plus fort. Mais comment aménager des créneaux de sortie « safe » lorsqu’on a affaire à des centaines de familles aux multiples marmots ? Peut-être pourrait-on se pencher sur un système « d’aération » en exigeant des « chefs de quartier » de s’en charger, d’en être « responsables » au sens militaire du terme…

Et je pense aussi à l’Inde, dont tout le pays a été « invité » au confinement total… Et où iront donc se confiner les millions d’Intouchables qui vivent dans la rue ?

Mais tout ceci n’excuse pas les fausses bravades, les provocations, les crachats sur les policiers chargés de faire respecter les règles de sécurité sanitaire. Et d’ailleurs, puisque nous sommes « en guerre », quid des cours martiales ? Cracher sur quelqu’un en espérant lui inoculer ainsi le Covid-19 relève d’un acte de traîtrise…

Nous vivons une guerre insidieuse, assez effrayante, où les armes et munitions font défaut, et où les bataillons ne sont pas formés de soldats en tenue camouflage, mais de blouses blanches aidées, à l’arrière, par les indispensables cohortes assurant le ravitaillement des troupes et de la population…

… Et chacun de prier, en son for intérieur, que proches et amis soient épargnés…

 

Muriel

25 mars 2020

 

 

Publié dans Chroniques

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