Australie jour 11

Publié le par Muriel Bayet

Dernier jour dans l'outback : Stuart Well.

 

Jim nous accueille dans son bar et nous raconte son histoire, celle de son père, de son grand-père, pionniers sur cette terre où il n’y avait rien et dans laquelle ils ont construit, à la force des bras, avec beaucoup de volonté malgré la chaleur, le manque de moyens et pas d’eau, les pistes que l’on emprunte aujourd’hui pour aller sur les sites que l’on vient de visiter ; et qui ont creusé, à Kings Canyon, des marches, rendant accessible l’escalade sur la crête…

Terres qu’ils ont arpentées et fait découvrir aux rares touristes, des années 60 aux années 80, jusqu’à ce qu’ils soient expropriés et que l’Etat en devienne propriétaire… Tristesse et amertume dans la voix. Mais Jim est connu aussi à travers sa « mascotte » : un dingo, qu’il a recueilli tout bébé, alors que les autres de la meute avaient été empoisonnés. Il nous parle des dingos, nous présente un film, dont « Dinky » (le dingo) et lui sont les héros… Les dingos ont tous le même ADN, nous dit-il. Ils sont tous apparentés, et d’ailleurs, ils sont tous identiques, taille, couleur, taches sur le pelage. Mais « Dinky » doit sa célébrité à autre chose que son histoire de bébé orphelin : Dinky aime jouer du piano en « chantant », c’est-à-dire, en hurlant, comme les loups ; car les dingos ne savent pas aboyer ; apparentés aux loups, ils vivent en meutes et hurlent…

Sur la proposition-injonction de Jim, je me mets au piano… Le piano, un vieux bastringue tout désaccordé, qui couine et crécelle, déraille et laisse parfois fuser, on ne sait par quel miracle, une note claire et joyeuse…

Et voilà que Dinky, tenu en laisse d’une main ferme par Jim (« les dingos restent sauvages et sont totalement imprévisibles », avait-il dit ;  « il est très docile, mais on ne sait jamais…  Surtout, ne le touchez pas, ne lui parlez pas, ne le caressez pas »…) Rassurant, non ? Donc, voilà que Dinky saute sur le clavier (pas étonnant que le piano joue faux), et de ses pattes avant, frappe une touche, puis une autre, tout en hurlant de contentement… Et c’est ainsi, je joue (euh… je frappe des touches, plutôt !), et Dinky m’accompagne, s’arrête parfois de jouer, me renifle, pose son museau sur ma tête, sur ma joue, pendant que, imperturbable, je continue à tenter quelques notes harmonieuses…

 

On part pique-niquer à Ochre Valley, sur le territoire de Joy, une aborigène « sang-mêlé ». Après s’être rapidement restaurés (et abreuvés : il fait 43° à l’ombre, ce jour-là), elle nous conduit vers des roches argileuses où sont entremêlés un nombre incroyable de différents fossiles marins. La mer était là, à la place de cette terre aride et rouge, il y a 400 millions d’années…

Joy nous parle de ses plantations d’oliviers, des plantes comestibles, des arbres aux épines « guérisseuses » (genre d’acupuncture), nous emmène plus loin, sur un autre chemin de terre, nous montre des peintures faites d’ocre pilée et de terre rouge, initiation des enfants, roches lieux de repos, nous parle de sa culture, de ses croyances, de ses ancêtres, du « savoir », de sa terre…

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Les cinq jours dans « l’outback », c’est tout ça et tellement d’autres choses encore ; les odeurs des eucalyptus, les desert oaks, ces arbres au tronc très fin caché par leurs longues et fines branches qui le cachent et le protègent jusqu’à ce que ses racines soient assez fortes pour affronter la chaleur extrême… A 20 ans, l’arbre ressemble à un jeune scion juste planté en terre. A 500 ans, c’est un arbre majestueux, au branchage équilibré, au léger feuillage vert tendre qui lui donne l’air d’être heureux…

Et des pique-niques au bord de « piscines », trous d’eau, BBQ, feu de bois tous les soirs et tous les matins, douche dans le bush à l’aide d’un chauffe-eau à bois, lequel sera là seulement pour le folklore : l’eau « froide » étant déjà à 35° environ, on s’en contente…, sandwichs, salades, pauses « ombre », mini-shops-cafés où se procurer d’autres bouteilles fraîches, eau, ginger beer, « gatorade », toilettes moins rustiques que les traditionnels buissons épineux et… clairsemés ! …

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La piste défoncée qui nous a ramenés à Alice Springs n’a pas réussi à casser le 4X4. Pourtant….

Chacun retrouve son hôtel. Deux heures pour se décrasser, rafraîchir ce qu’on peut dans les vêtements portés dans l’outback (certains sont irrécupérables), se désaltérer (chaud, toujours trop chaud, même pour les locaux, c’est dire !) avant de se retrouver, tous, devant un dernier verre, une dernière assiette, au pub du coin, le « Bojangles », lequel vaut son pesant d’or ! Tout y est : le bois, les bruits, les tables et chaises, bancs, bières, affiches, tonneaux, chapeaux, vieux outils, dans un beau faux désordre réparti sur une immense salle en « U »… Ce qui permet à la serveuse, un peu étourdie, de servir une partie de notre commande à une tablée de joyeux drilles arrivés là un peu plus tard, installés devant le comptoir, tablée qui s’est empressée de s’empiffrer sans rien dire… et sans payer (ici, on paie à la commande, au comptoir…).

 

Australie jour 11
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