Cornouaille, terre de légendes, terre de mystères, terre de traditions…
Les lieux sacrés celtiques ont traversé les temps ; résistant aux vagues successives des conquérants, ils ont gardé leurs pratiques ; et plutôt que de se heurter vainement aux croyances ancrées au plus profond des populations autochtones, les missionnaires évangélistes ont préféré christianiser les lieux de cultes ; ainsi, des petites chapelles ont été érigées à côté de chaque « fontaine » guérisseuse….
Ces fontaines sont encore et toujours sacrées, et si la christianisation leur a apporté un cadre plus « officiel », il n’en reste pas moins qu’elles sont encore fréquentées pour leurs pouvoirs particuliers.
Ainsi, chacune, protégée désormais par un saint patron, a son pardon. Après la célébration d’une messe, souvent devant des autels érigés en plein air –car il y a foule-, une procession part, en grande tenue, pavois et ex-votos en tête, se faire bénir par les eaux sacrées de la « fontaine ».
Et dans cette pointe cornouaillaise, où les tempêtes rudoyaient bêtes et gens, il n’était pas rare d’avoir, outre la bénédiction des familles, la bénédiction des bateaux et des chevaux…
Modernité oblige : à cette bénédiction « païenne » s’est ajouté désormais le pardon… des surfeurs.
Le Pardon des surfeurs a eu lieu aujourd’hui, dimanche 21 septembre, près de La Torche, à Tronoën. Une messe à la chapelle, la procession à sa fontaine, puis un grand pique-nique au plein air, comme dans les temps anciens, enfin, la bénédiction des planches de surf…
Massée sur la plage, à la lisière des vagues qui viennent lécher le sable –on est à marée montante-, l’assemblée reprend prières et chants ; face à eux, le recteur, blouse blanche sur un short et sandales aux pieds, donne sa bénédiction. Foule bigarrée mêlant « habits du dimanche », combinaisons de surf et maillots de bain ; quelques planches pointent leur nez vers le ciel, sagement appuyées sur leur propriétaire. Hymne breton, ballade irlandaise, binious et bombardes se répondent.
A nouveau des chants, puis c’est le signe de croix.
Fleurs écarlates à la main, ou coincées dans la bouche pour ceux qui ont leur surf sous le bras, l’assemblée entre maintenant dans les flots. Les fleurs sont jetées à la mer, emportées à la crête des vagues, tandis que les musiciens jouent une dernière fois.
La fête est finie. Les surfeurs se jettent dans les vagues.
Le week-end prochain le grand pardon de la Tréminou clôturera la saison…